J'ai toujours cherché mon Eden, ce lieu dû à chaque être, celui qui est mien. Souvent j'ai cru l'entrevoir dans les nuées d'un monde en fuite, longtemps j'ai suivi la trace illusoire de son ombre. Trop de fois où je me suis réfugiée dans ces homes sans âmes qui n'étaient rien de plus que l'écho de mes craintes. Je me suis contentée de vivre. Et j'ai imaginé ma vie sans toi, vision insoutenable d'un chemin si dur que j'en souffre encore. C'est alors que je me suis rendu compte que mon Paradis n'était nul ailleurs qu'auprès de toi, celui qui a su me trouver et m'ouvrir ses bras pour que j'ouvre mon coeur, toi qui m'a fait renaître et auprès de qui j'existe. Garde moi éternellement près de toi pour que nous vivions à jamais.

Première réflexion: juin 2003.

J'ai depuis quelques temps des intuitions illuminées qui se mêlent à mes sentiments. Lui, je ne sais pas si je l'aime d'un amour vrai ou si ce n'est qu'un challenge inconscient et incontrôlable dirigé par des instincts peu discernables et entretenus contre mon gré. Cependant, son effet n'est pas néligeable. J'ai beau me faire une raison, me dire qu'on n'arrivera à rien ensemble, il persiste tout de même une sorte de sentiment nouveau et très fort qui me rattache constamment à lui.

Son allure volontairement nonchalente, sa manière de m'approcher, de me fixer et de me dire d'une vois grave et sensuelle un bonsoir si insignifiant qu'il me fait décoller vers la félicité la plus profonde... Durant nos courtes entrevues, son art maladroit de croiser nos doigts, de m'embrasser et de me serrer en me considérant comme un être dépourvu de toute robustesse me fait perdre ce qui reste de force en mon intime.

Je me dis aussi que cet amour est probablement la filiation d'un sentiment qui naquit en moi il y a dix ans de cela. S'en souvient-il? Ne croyant pas au destin, il est clair pour moi que les aléas de nos vies respectives nous nous ont fait perdre de vue depuis. Mais quelle aventure fantastique nous a alors poussé à nous revoir? Et pour quelle raison cette braise si bien enfouie au plus profond de mon oubli s'est-elle de nouveau animée, si constamment présente qu'elle m'oppresse et me fait souffrir? Ce doux nectar en alcool fou transformé m'a enivré et s'est à son contact enflammé si bien que seul un déluge de larmes pourrait l'atténuer. Si seulement pourrait l'éteindre.

Ayant pris l'unique solution qu'est l'oubli, je ne peux m'y tenir car un foyer malin nous lie sans consentement apparent et nous éloigne en nous brûlant à chaque choc. Je souffrirai donc jusqu'à son effacement de mes souvenirs, s'il se plaît, le pus total.

à N.T. - Septembre 2004: Merci à la vie de l'avoir éloigné de mon coeur qui cicatrise depuis lentement.

Deuxième réflexion: novembre 2003.

Qui es-tu? Ombre blanche. Spectre noir. La couleur, chez toi, est un manque. Tu l'attires, tu la repousses. Elle te cherche, tu la fuis. Elle t'atteint, tu la renies. Pourquoi? Elle garde une religieuse distance avec toi. Qui es-tu pour te permettre cela?

Tu n'es qu'une image parmi les autres, image perdue dans un temps qui n'est pas le sien. Et pourtant atemporelle. Le négatif en noir et blanc. La vie vomit ses vives couleurs, ces taches intenses de lumière autour de toi. Tu es le trou noir de cet univers carnavalesque.

Qui es-tu? Envoyé sombre de la lumière céleste, ange démoniaque, idole infernal. Tristesse dans ton regard et gaité en ton pas. Jeunesse de ton visage et grand âge de tes mains. Force de l'homme et faiblesse de l'enfant. Tu cherches. Que cherches-tu? Tu ne le sais pas. Qui es-tu?

La couleur désespère de ne te voir un jour entre ses bras, accroché à son sein le fruit de votre union. Dans ta noire envergure elle cherche, elle aussi, un signe. Un signe de compréhension, de tolérance, d'acceptation. Un signe de désir mais qui ne lui parvient pas.

Tu es différent . Et cette trop romantique tache qui la fait rêver. Une tache que vous seuls possédez. Une tache guerrière mais sage, violente mais vierge, haineuse mais aimante, forte et belle. Une tache qui casse la mort de ta vie, le sombre de ton corps, la nuit de tes sentiments. Seraient-ils en éveil?

Qui es-tu? Qui sait qui tu es? La couleur, ni le ciel, ni la lumière, ni la nuit ne le savent. Et toi-même? Sais-tu réellement qui tu es? Tu ne sais pas ce que tu désires alors que tes yeux sont dessus. Tu ne sais ce que tu recherches mais tu y mets de l'adeur. Que trouvera-tu? Le vide, le néant. Le noir, comme toi, déjà, tu es. Tu ne seras pas heureux.

Qui es-tu? Personne aux mondes ne le sait, mais tu peux devenir quelqu'un.

à G.P. - Mai 2004: tu n'es plus le noir. Ange de l'ombre, aurais-tu enfin touché au but de ta quête? - Malheureusement tu t'es égaré dans sa couleur et ne reviendra pas vers la vraie. Jamais.